El último !
Et voilà trois mois et demi que je suis rentrée, ce dernier article a mis du temps à arriver mais il est là ! Mélange entre mes impressions du début du retour que j’avais commencé à écrire et de maintenant. Je ne vois pas comment le dire autrement, le « début du retour », parce qu’il aura une fin ce retour ?!!
L’arrivée à Madrid a été dure, en pleine nuit avec le grand froid. Passer de 35° à 0° après une nuit presque blanche, y’a mieux… J’attendais Pen à une station de RER-bus où j’ai eu le temps d’observer tous les gens qui allaient au travail, le visage pâle et triste, emmitouflés dans leurs vêtements sans couleurs… Mais qu’est-ce que je fais là ??! Et dire que la semaine dernière, j’étais dans un super hôtel avec des gens heureux, une piscine et le soleil !!! Je passe de la chaleur sud-américaine à la froideur européenne dans tous les sens du terme… Heureusement, Pen est arrivée et c’était juste parfait comme premier atterrissage : un petit-déj de malade, une balade dans les rues de Madrid avec un peu de soleil et de chouettes discussions, difficile de faire mieux !
Dans le dernier avion Madrid-Nantes, je commence à réaliser que là c’est fini et je laisse l’émotion me submerger, enfin. Je n’arrivais à rien ressentir depuis le départ de l’auberge de Buenos Aires. Les larmes coulent, mélange de tristesse et de joie. Je sais que Florine m’attend à l’aéroport et ça c’est vraiment bien. A ce moment, je n’ai qu’une envie : être avec ceux qui m’ont manqué pendant ce voyage et ne plus entendre ces français qui se plaignent dans le bus qui nous emmène au pied de l’avion. L’avion atterrit, le cœur bat plus fort et voilà, c’est parti pour une période d’intenses retrouvailles… Très chouettes, forcément :) Ce sont des moments toujours supers même si on sait que ça ne durera qu’un temps et que l’ « après », quand chacun retrouve ses habitudes fait un peu peur…
Mais je choisis de me laisser vivre, sans me prendre la tête sur la suite. Oui peut-être que j’aurais envie de repartir et ce n’est pas grave si là tout de suite je ne sais pas ce que je veux. Je vis au jour le jour, je profite du moment et on verra ! Pendant le voyage, j’ai vraiment pensé que je serais contente de rentrer, que j’en aurais envie et que je voudrais me poser en France après. Je voulais vivre ces six mois de voyage, je n’ai pas eu envie de rentrer avant, je voulais vraiment aller au bout de ce projet. Mais je pensais qu’après ce serait bon, je serai prête à me poser. Et puis j’ai passé un dernier mois de voyage parfait : il y a eu le Costa Rica avec Julie et Cédric, mes deux dernières semaines toute seule en Argentine, et des supers rencontres, de magnifiques paysages toujours, la belle vie quoi… Des rencontres de gens qui vivaient à l’étranger ou faisaient un long voyage, qui m’ont donné envie de continuer. Les quelques moments difficiles sont vite oubliés alors et on ne garde que les meilleurs. C’est peut-être normal que le dernier mois soit aussi bien, c’est qu’il le fallait, pour me donner l’envie d’autres projets. Alors en janvier je me suis mise à penser à un prochain voyage de l’Equateur au Mexique, ou au Brésil, ou pourquoi pas tenter de travailler à l’étranger même si je me suis longtemps dit que je n’étais pas sûre d’en être capable…
Et je suis rentrée en étant plus très sûre de ce que je voulais et avec plein de choses en tête : continuer de découvrir le monde en voyageant sur plusieurs mois, travailler à l’étranger, travailler en France et profiter des vacances pour bouger ? J’étais partie en cherchant une réponse et je ne l’ai pas trouvée. Mais la différence c’est qu’aujourd’hui j’assume de ne pas savoir ce que je veux faire de ma vie, je suis sereine et ça change tout. C’est pas toujours simple, surtout dans une société comme la nôtre, mais c’est comme ça. Faire confiance en la vie, être bien où je suis, c’est mon objectif en rentrant.
Il y a aussi une autre question qui se pose dans le fait de rester ou de partir, par rapport à tout ce qui se passe en France en ce moment, cette morosité ambiante, cette société plus froide, ce qui a été dur d’entendre de loin : vaut-il mieux fuir ou rester pour vouloir changer les choses ?
Ce deuxième retour est donc logiquement différent du premier puisque je ne suis pas partie pour les mêmes raisons et que je n’ai pas fait la même chose. Mais ces deux expériences sont complémentaires et j’en ressors encore différente. Ca a été dur de quitter Cusco la première fois parce que la vie péruvienne et la routine des amis et du boulot me plaisaient beaucoup. Ce qui me manque aujourd’hui après ce deuxième voyage c’est un peu différent : de rencontrer des gens nouveaux chaque jour ou presque, de bouger d’endroit quand j’en ai envie, de voir des paysages magnifiques et différents chaque semaine, de découvrir, de partager, de parler d’autres langues et la façon de vivre des latino-américains. Mais voilà, si je sais aujourd’hui que je n’ai pas envie de rester en France (pour l’instant en tout cas, je ne m’avance jamais trop !!) et que c'est le moment d'essayer ailleurs, est-ce que travailler à l’étranger m’apportera tout ça quand même ? ou est-ce qu’il faut continuer à parcourir les routes sans aucune attache jusqu’à ce que ça ne me convienne plus ? Là est la question, en sachant qu’il faut bien de l’argent pour vivre à un moment.
Alors j’ai décidé pour l’année prochaine de demander des postes à l’étranger, et si ça ne marche pas de demander un autre mi-temps annualisé, et si ça ne marche pas peut-être une année sabbatique, et si ça ne marche pas… je préfère ne pas y penser mais je n’aurai pas le choix de rester donc je partirai au moins cet été.
Au moment où j’écris, c’est ça qui devient plus difficile : ce n’est pas moi qui décide au final. Je dois attendre que l’on me donne ou pas ce que je demande. Et j’avoue qu’au bout de 3 mois et demi et avec le temps qui passe, j’ai un peu de mal à rester sereine… Mais c’est le jeu, les avantages et inconvénients du système et je ne peux pas m’en plaindre !
Pour l’instant, pas de réponse définitive, c’est juste difficile d’avoir les postes à l’étranger qui me plairaient donc … on verra !
Pour finir, un petit bilan du voyage :
- 6 mois sur le continent américain.
- 5 pays visités, sans pouvoir choisir un préféré. Le Pérou pour les liens que j’y ai tissés et tout ce que j’y ai vécu (encore une fois merci Puri et Joseph !) ; la Bolivie pour les plus beaux paysages que j’y ai vus dans le Sud Lipez ; le Chili pour Elba, les voyageurs que j’y ai rencontrés et les étoiles ; le Costa Rica pour un Noël entre amis parmi les animaux entre forêt et plage ; l’Argentine pour sa diversité de paysages, l'école de San Juan de Quillaques et la bonne humeur de ses habitants.
- 5 mois sur la route.
- 65 lits différents et 19 nuits passées dans le bus.
- plus de 400 heures de transports pour relier les villes où je me suis arrêtée dormir (sans le Costa Rica), ce qui revient à minimum 3h de bus chaque jour (et je ne compte pas les trajets faits en plus à partir de chaque ville, ni le temps d’attente), 37 trajets donc encore plus de bus (et même quelques voitures et deux bateaux !). Le record c’est 29h30 de voyage avec 2h d’attente entre les deux bus : partie à 5h du matin d’Ushuaïa et arrivée à Puerto Madryn à 12h30 le lendemain. L’Argentine bat tous les records !
- pas mal de kilomètres parcourus… si on prend une vitesse moyenne de 50 km/h, on est déjà à 20 000 km ! La vitesse maximale était limitée à 100 km/h sur les grandes routes, et j’ai souvent entendu la sonnerie dans les bus chiliens qui indiquait aux passagers que le chauffeur dépassait cette limitation !
- 3 culottes, 1 pantalon, 1 chaussure et plusieurs chaussettes troué(e)s.
- 1 couteau suisse perdu (jeté à la poubelle avec des emballages de nourriture ?!).
- beaucoup de repas à base de sandwichs jambon-fromage-tomate-avocat et de pâtes ( + raviolis et gnocchis en Argentine).
- des fruits chaque jour (des classiques et des exotiques) et presque autant de boissons gazeuses (mon petit plaisir pour remplacer chocolats ou bonbons qu’il n’y avait pas).
- un maximum de 5 jours sans prendre de douche.
- des douches froides plus nombreuses que des chaudes.
- des cheveux plus longs de quelques centimètres.
- une peau presque bronzée avec quelques marques de boutons de moustiques.
- des passages de douanes, des tampons sur le passeport et pas mal de contrôles de police dans les bus.
- quelques coups de cafard.
- des sessions skype plus ou moins bonnes mais toujours agréables.
- beaucoup de photos, plus ou moins réussies avec mon vieil appareil rafistolé, il est d’ailleurs temps de le changer !
- et des souvenirs plein la tête de paysages, de sourires, de moments partagés…
Et le dernier mot : un grand MERCI à vous qui m’avez suivi ! A ceux qui m’ont lu, à ceux qui ont regardé les photos, à ceux qui m’ont écrit (je n’ai pas toujours réussi à répondre mais ça a toujours été un plaisir de recevoir vos messages) et à ceux qui ont juste pensé à moi. C’était important pour moi de partager ce voyage, les bons moments comme les plus difficiles, les bonheurs et les doutes. Une nouvelle page est tournée, ce blog se termine avec ce dernier article. Les nouvelles expériences seront mises ailleurs, alors je vous dis à bientôt !
En attendant, prenez bien soin de vous et n’oubliez pas de profiter de chaque jour et de vivre vos rêves !