Santiago - Valparaíso

Publié le par Maud

Sur la route vers Santiago, panne de bus ! Ce qui est normalement plus fréquent au Pérou et surtout en Bolivie, me sera arrivé pour la première fois au Chili ! Et puis la communication c’est vraiment pas le truc des chiliens… Dans tous les bus ici, il y a le chauffeur + une personne qui vérifie les billets ou fait payer, donne couvertures, oreillers et nourriture (quand il y en a), ouvre et ferme les rideaux… Ils sont deux mais on n’a pas plus d’explications !!

D’abord, j’apprends par les autres voyageurs qu’on est en panne (pas d’annonce officielle). Ensuite, quand je demande gentiment au chauffeur plus d’informations (surtout que quelqu’un m’attendait au terminal), il me répond agressivement qu’il faut attendre qu’un autre bus vienne. Et puis au bout d’un moment, on nous rend nos affaires en soute sans rien dire. Un bus qui va à Santiago s’arrête, des passagers montent, je les suis. Mais une fois installés et le bus reparti, on me demande de payer (ce que je ne veux pas !) ou sinon de descendre … en plein milieu de l’autoroute !! Je comprends, c’était pas la même entreprise, mais il aurait pu le dire avant. En plus, il y avait le choix entre deux prix : 3000 pesos (au noir) ou 4800 (déclaré). Heureusement, en revenant le lendemain, j’ai réussi à me faire rembourser. C’est juste qu’ils n’expliquent rien et c’est chiant ! Comme pour les contrôles.

Autre truc relou avec les bus chiliens, le prix ! C’est assez cher et surtout les prix passent du simple au double selon la date et le confort. En plus, ils font des promotions qui sortent d’on ne sait où… Contrairement au Pérou et Bolivie où on avait des bus plus inclinables pour 2€ de plus, là je ne prends que des « semi-cama » (moyennement inclinables).

Petite chose qui m’a surprise pendant qu’on restait là à attendre : il y a des gens sur l’autoroute qui vendent à boire et à manger, ils agitent un genre de drapeau (bâton + sac plastique) pour que les conducteurs les voient.

 

Arrivée à Santiago, capitale du Chili : 6 millions d’habitants, soit 1/3 de la population totale ! J’ai eu droit à un super accueil d’Elba et Alejandro (amis de Puri et Joseph) qui sont venus me chercher au terminal de bus. Ça fait du bien de ne pas débarquer seule dans une grosse ville. Elba a vécu en France pendant les années Pinochet et a gardé une petite maison dans Santiago pour ses enfants, qu’elle m’a prêtée pendant mon séjour. Tout près du métro et commerces, avec un petit jardin, le bonheur J. Elle m’a montré des coins sympas de Santiago et on a bien discuté, ça fait voir le Chili différemment et c’est bien. Je suis allée dans un supermarché, un vrai grand, ça faisait longtemps, comme Carrefour Alma ! Ça m’a fait un petit choc de voir tous ces rayons, toutes ces choses que l’on peut acheter et le choix énorme de produits… Quand on s’habitue à vivre avec peu de choses et à se contenter du minimum, ça dérange cette consommation de masse. Malheureusement, le naturel revient au galop et forcément j’ai craqué devant les yaourts, du pâté et surtout le fromage (il y a du bleu et du brie !), ça faisait longtemps ! Mais rien de plus !

La ville ressemble beaucoup aux villes européennes, j’ai l’impression d’être en France : métro, grands boulevards, magasins, parcs, maisons… Mais c’est une capitale bien plus agréable que Lima ou La Paz (peut-être justement parce qu’elle ressemble à l’Europe et à ce à quoi je suis habituée ?). Il y a des quartiers vraiment sympas avec des petites rues toutes mignonnes, beaucoup de parcs et d’arbres (même s’il y en avait encore plus avant m’a-t-on dit) mais beaucoup de palmiers pour faire américain ! Ça donnerait presque envie d’y rester plus pour connaître la vie quotidienne et nocturne ! Il y aussi les trucs qui ne me manquaient pas : les gens qui se poussent, te passent devant et sont accrochés à leur portable dans le métro. Ça change de la tranquillité de Pisco Elqui où tous les gens me disaient bonjour dans la rue !

 

Avec Elba, j’ai appris que la hausse du nombre de personnes obèses au Chili peut venir du fait qu’il y a beaucoup de plats préparés avec des trucs mauvais à l’intérieur, des sandwiches plein de mayonnaise… Ils grignotent beaucoup mais au Pérou aussi et il n’y a pas ce même problème.
Le Chili ressemble à l’Europe et semble être un pays riche, mais ce n’est pas le cas. Elba m’a expliqué ce que la dictature avait engendré : liberté des prix sans règlementation, de toute façon les gens achètent (ce qui explique les différences pour les bus) ; c’est cher pour beaucoup de chiliens mais ils ont l’impression d’être un pays développé parce qu’ils ont à leur disposition des endroits de consommation de masse (et non, une meilleure économie ne garantit pas toujours le développement d’un pays). Le système public d’éducation et de santé a été cassé : tout dépend de la mairie donc, avec une mairie riche on a des écoles et des hôpitaux riches, avec une mairie pauvre on a des écoles et des hôpitaux pauvres. Et comme les nouvelles générations n’ont rien connu d’autre, ils trouvent ça normal. D’ailleurs, à cause de la peur pendant la dictature, les gens ne sont plus habitués à dénoncer ce qui ne va pas, ils acceptent et subissent sans rien dire. Mais il y a un espoir que cela change avec les jeunes qui commencent à manifester. Avant, le système éducatif était comme en France : en travaillant à l’école on pouvait s’en sortir, maintenant il faut naître au « bon » endroit dans une « bonne » famille, sinon c’est très difficile… En France, on se plaint beaucoup en général (c’est d’ailleurs notre réputation à l’étranger !) mais pas toujours pour les choses importantes. On ne se rend pas compte de la chance qu’on a ni de ce que l’on pourrait perdre. Rien n’est jamais acquis définitivement et il faut se battre pour le conserver.

J’ai eu un peu l’occasion de m’en apercevoir, les chiliens sont chauvins et machistes. Beaucoup de rivalités avec les autres pays d’Amérique du Sud, surtout avec le Pérou (ils se disputent le pisco et le ceviche) et la Bolivie (territoires et accès à la mer). Elba m’a dit que comme le Chili est coincé entre l’océan et la cordillère, certains ont l’impression d’être comme sur île, croyant qu’on ne trouve certaines choses (comme des bons fruits et légumes) que chez eux ! Ils sont fiers de « ressembler » aux Etats-Unis et se considèrent mieux que leurs voisins. Beaucoup n’aiment pas les étrangers (surtout les noirs), pourtant de plus en plus de gens des pays voisins viennent comme l’économie est meilleure. Il faut espérer qu’à long terme, ce phénomène améliore la mentalité chilienne ! Question machisme, sans commentaires, comme on peut le voir ailleurs, les hommes aiment se faire servir, sont perdus si leur femme n’est pas là et ce n’est pas facile de les changer. Il y a toujours des exceptions mais bon… Ça m’énerve toujours autant de voir ces sociétés qui n’évoluent pas à ce niveau, surtout dans des pays qu’on estime « plus développés ». Comment faire pour que les parents éduquent leurs enfants autrement ? Dans un autre registre, j’ai été un peu énervée des annonces sur écran dans le métro : différentes « informations » sont classées en fonction du public auquel elles sont censées s’adresser (aux jeunes, aux femmes, aux parents…). Et bien sûr, pour les femmes on a droit à … régime et cuisine !!! 

Autres petites choses : beaucoup de particuliers et surtout des jeunes préparent des sandwichs et gâteaux qu’ils vendent dans la rue, des étudiants proposent des poèmes photocopiés contre contribution. Ceux qui travaillent dans les supermarchés à mettre les courses dans les sacs plastiques ne gagnent en fait que les pourboires qu’on leur donne, alors qu’ils doivent en plus se payer le t-shirt du magasin. Et quand ils sont trop nombreux, ils doivent se relayer.

 

Je suis partie une journée à Valparaíso et on m’en avait dit tellement de bien que j’ai été un peu déçue... Surtout en arrivant dans la ville basse, près du port, ça n’a vraiment rien d’exceptionnel. Mais c’est vrai qu’en montant avec un vieux funiculaire sur l’une des nombreuses collines (45 au total), ça a du charme ! On découvre de jolies ruelles pentues, plein de maisons colorées, une belle vue sur la baie… C’est aussi dans cette ville que le poète Pablo Neruda a écrit nombre de ses vers, dans sa maison La Sebastiana, avec une magnifique vue sur la mer qu’il aimait tant. Il se disait « marin à terre ». Il en avait deux autres dont une à Santiago (La Chascona). J’ai visité ces deux-là qui sont en bon état malgré que celle de Santiago ait été saccagée au moment du coup d’état de 1973 (7000 des 9000 livres que contenait sa bibliothèque furent brûlés sous le régime de Pinochet). On retrouve sa fascination pour la mer et les voyages avec l’intérieur qui ressemble à celui d’un bateau (pièces basses et étroites, fenêtres rondes, meubles venant de bateaux), les nombreux objets qu’il a rapportés des différents endroits du monde où il a vécu, les cartes marines, les tableaux de bateau. Sa passion pour l’art avec les tableaux, les livres et les photos de ses poètes préférés. On voit la fantaisie de Neruda dans une porte secrète (cachée dans un placard) pour accéder au 1er étage, dans ses nombreuses collections (verres colorés dans lesquels l’eau a un meilleur goût selon lui, bouteilles de toutes formes, peintures avec des pastèques, chevaux…). Il était toujours à la recherche d’objets insolites et n’aimait pas passer par un marché aux puces parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de s’arrêter. C’était un bon vivant qui aimait recevoir et profiter : grandes tables et bars dans toutes ses maisons. D’ailleurs dans celle de Santiago, il y a 3 bars et seulement 2 chambres !

 

Au départ, je voulais rejoindre l’Argentine depuis Santiago mais finalement je me suis tellement bien sentie dans ce pays que j’ai décidé de descendre encore un peu côté Chili. En plus, grâce à la panaméricaine (route qui longe la côte pacifique de l’Amérique du Sud), c’est plus rapide de ce côté. Par contre, je suis restée une nuit de plus à Santiago (comme en plus j’avais un super logement) pour payer 16€ au lieu de 28€. Toutes les économies sont bonnes à faire ! Mais je me rends compte que le temps passe vite et que même si je ne suis qu’à la moitié de mon séjour, mon programme est encore bien chargé ! Surtout qu’un truc complètement imprévu au départ s’y est rajouté… Je vais revenir à Santiago dans deux mois pour prendre l’avion puisque, pour ceux qui ne le savent pas, je vais passer Noël et le nouvel an au Costa Rica avec Julie et Cédric. Et oui rien que ça ;). Ils devaient venir en Argentine mais ça coutait trop cher pour peu de temps sur place, donc on va se retrouver là-bas ! C’était pas prévu dans le budget mais bon, j’ai un peu de marge et j’avais vraiment envie de passer cette période de l’année avec des amis proches et de partager un bout de voyage avec eux J. En plus, en 6 mois j’ai le temps, et peut-être que je n’aurais pas d’autres occasions d’y aller. En plus, j’en ai entendu tellement de bien dernièrement ! Comme ça pas de regrets !

 

Dernière chose : au Chili, ils ne parlent pas beaucoup anglais, du coup c’est drôle je me suis retrouvée à traduire plusieurs fois dans le bus (moins drôle quand c’était pour une fille qui s’était fait volé son sac, on me l’avait dit : jamais le mettre au-dessus des sièges…) ou dans des magasins. Même si j’ai vraiment perdu en anglais, y’a un espoir pour que ça revienne ! Et puis j’ai quand même tout compris à l’observatoire astronomique !! ;)

 

Gros bisous chiliens à tous !

Publié dans Voyage 2012

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M
Bravo! Super article! J'ai appris des choses très intéressantes sur le Chili que j'ignorais après y avoir passé 1 mois.<br /> Tu as fait une belle rencontre à Santiago!<br /> Valpo c'est charmant avec toutes ses ruelles, ses funiculaires ( rien que le mot funiculaire ça me fait rêver. )<br /> Quand tu as écrit ton article, tu ne connaissais pas encore le prix des bus en Argentine. Aujourd'hui je suis sûre que tu regrettes le Chili!<br /> Bisous du bout du monde!
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